Antonin Artaud théâtre te poésie

1) Antonin Artaud : le théâtre et son double

Artaud partagea avec d'autres dramaturges le rejet du théâtre occidental et adhéra au surréalisme dans cette perspective. Par la suite, il trouva dans le théâtre balinais une utilisation particulière du corps, ainsi qu'une dimension magique et métaphysique qui correspondaient à sa recherche. Pour lui, le théâtre était le lieu où il pouvait exprimer son rapport au monde et où se jouerait l'existence entière, tant pour le spectateur que pour l'acteur. Mais, empêché par des troubles physiques et mentaux — il fit de nombreux séjours en hôpital psychiatrique de 1938 à 1946 —, Artaud ne parvint jamais à mettre en pratique ses théories.

Dans son ouvrage le Théâtre et son double (1938), il exposa les principes de son «théâtre de la cruauté» qui jetèrent les bases d'un changement radical des conceptions théâtrales et qui furent repris plus tard par le théâtre de l'absurde. Cet ouvrage fut suivi en 1946 par Artaud le Mômo. Le 13 janvier 1947, Antonin Artaud, qui venait de sortir de l'asile de Rodez, prononça au Vieux-Colombier une conférence restée célèbre, qu'il consacra à la critique violente de la société, des psychiatres et des religions, tentant de rassembler les lambeaux d'une pensée parfois géniale

2) L'ombilic des limbes, "Le pèse-nerfs", correspondance avec Jacques Rivière

Reliure inconnue: 254 pages
Editeur : Editions Flammarion (2 mai 1968)
Collection : Poésie

«Je souffre que l'Esprit ne soit pas dans la vie et que la vie ne soit pas dans l'Esprit...»
[ Antonin Artaud ] - Extrait de L'Ombilic des limbes

Refusés initialement en 1923 par Jacques Rivière directeur de la NRF (avec qui il échangera une correspondance riche qui deviendra en elle-même un objet littéraire publié en préambule du recueil), ces poèmes (qui paraîtront finalement en 1925 aux éditions de la NRF) ne sont pourtant pas l'oeuvre d'un fou mais celle d'un homme qui va au bout de lui-même, pousse le questionnement jusqu'aux derniers retranchements, jusque dans ces limbes. Il invente une "poésie mentale", presque psychotique et obsessionelle, inspirée des idées surréalistes (il sera un moment directeur de la Centrale du bureau des recherches surréalistes avant de claquer la porte en refusant toute alliance politique) où l'humanité jaillit à vif, gangrenée par la douleur et la rage face au mystère de l'incarnation. Une lecture âpre parfois hermétique qui nous plonge dans les abymes de la pensée et renverse les perspectives du sens profond de la vie...

Essentiellement en prose, parfois en vers ou encore en fragments de dialogues de théâtre, "L'ombilic des Limbes" et "Le pèse-nerfs" traduisent la conception de la pensée, de la vie humaine et de l'Art (qu'il rejette en tant que tel d'ailleurs) d'Artaud.
Une conception tourmentée, torturée qui, loin d'un exposé ou d'une quelconque démonstration, se présente plutôt comme un questionnement incessant, troublant et vertigineux : "La vie est de brûler des questions", écrit-il. L'écrivain ne nous raconte pas d'histoire mais "égrène des images".
Il se livre ainsi à des descriptions aigues de la douleur interne qu'il ressent, de son "effondrement central de l'âme", de "l'érosion à la fois essentielle et fugace de la pensée". Il utilise pour cela des approches à la fois cliniques, poétiques et quasi philosophiques comme dans son texte "Description d'un état physique" où il entremêle les déchirements de sa chair, cellulaire, sanguine, nerveuse avec ceux de cette "croûte d'os et de peau" (sa tête) qui secrète des sentiments bien noirs, ou encore en recourant à des images surréalistes (en s'inspirant par exemple de tableaux d'André Masson).
Dans un poème intitulé "Position de la chair" (période surréaliste), il écrit : "Je ne crois plus qu'à l'évidence de ce qui agite mes moelles, non de ce qui s'adresse à ma raison."

3 ) Artaud : l'homme et son message


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